Auteur : Arnaud Patron
Artistes : Etienne Audibert , Drys Penthier, Mathilde Serre, Emilie Waïche
Metteur en scène : Arnaud Patron
Au ciel, c’est la pagaille. Zeus se plaint de sa perte d’influence tandis que les dieux monothéistes s’amusent de l’émergence de nouveaux courants de croyance et ne font pas dans la dentelle. Oui, ce sont des dieux.
Deux habitants du paradis décident de s’échapper car « le Paradis, c’est l’enfer ». Et l’éternité, c’est long, surtout vers la fin dirait Woody Allen. Ils se carapatent plus ou moins discrètement car sortir du paradis semble plus complexe qu’y entrer.
Branle-bas de combat : il faut les empêcher. Car s’ils sortent du Paradis, ils vont renaître sur Terre et les résurrections ça suffit !
Chacun est mis à contribution pour les retrouver avant la ligne finale. Mais coopérer n’est pas le mode de fonctionnement habituel des Dieux. Oui, même au Paradis. Alors ? Comment faire ?
La mise en scène
Alors que tout est calibré, net, au cordeau, elle parvient à nous faire croire à une désorganisation complète. Les changements de décor ou de costumes sont minimes, ne rompent pas la dynamique de jeu et suffisent à nous faire adhérer à l’histoire.
Quelle imagination et quelle justesse dans l’écriture de cette œuvre par l’auteur et metteur en scène Arnaud Patron.
Les comédiens
La compagnie Faits d’arts scéniques est exceptionnelle. Chacun des comédiens présents endosse plusieurs rôles, plusieurs personnalités dans un joyeux tohu bohu. Le texte ne joue pas dans la facilité. Les comédiens assurent sans souci.
Mention spéciale pour la tirade du Sphinx. Je ne sais pas par quoi j’ai été le plus impressionnée : sa longueur, sa complexité, la mémoire sans faille de la comédienne, son interprétation…
Ce sont des artistes de qualité qui maîtrisent leur art. Chapeau bas !
Mon ressenti :
Quel joyeux foutoir ! Quel bon moment j’ai passé à me régaler des répliques, des facéties des comédiens, à me laisser embarquer dans cette douce folie. D’abord on rit, franchement. Puis on réfléchit et les réparties font mouche.
Le rythme est endiablé, les dialogues ciselés et les comédiens déchaînés. Ah les diablotins ! Ne ratez pas leurs apparitions, ils sont un régal pour les yeux et le cœur.
Des dieux déjantés, des mortels paumés, servis par d’excellents comédiens totalement habités, vous feront passer une excellente soirée. D’une impertinence joyeuse, pleine de rebondissements, cette pièce de théâtre est servie par quatre comédiens endossant 18 personnages. Non, on ne s’y perd pas. Oui, on rit beaucoup. Et on réfléchit car les propos ne sont pas aussi premier degré que l’on peut l’imaginer.
Ce n’est pas seulement une comédie burlesque dans laquelle on se demande où les acteurs vont chercher leur énergie. C’est aussi une pièce très bien écrite, bourrée de références, de pistes de réflexion. Premier et deuxième degrés garantis.
L’avis de Maloca
« Les évadés du paradis «
Quel titre intrigant ! Le théâtre de 10 heures nous propose cette pièce avant de partir pour le festival d’Avignon. Quelle curiosité nous attend ?
L’auteur Arnaud Patron nous présente une comédie burlesque dans une écriture moderne, des dialogues parfois impertinents et remplie de réflexions métaphysiques. Les 4 acteurs dégagent une énergie « folle » qu’ils partagent allègrement avec le public. Travail d’acteurs époustouflant tant dans le rythme soutenu que dans leurs interprétations magistrales Avignon n’a qu’à bien se tenir : le paradis n’est pas ce que l’on croit.
Voici une pièce de théâtre qui nous transporte par son rythme et son humour. Je recommande si l’on veut passer un bon moment.
Un autre regard, celui de Mon Cher et Tendre!
J’avoue être resté un peu en retrait de l’effet de séduction immédiat que cette pièce a eu sur ma chère et tendre (ainsi que son amie). Peut-être gêné par une position a priori plus classique ? J’ai attendu au début de la part des acteurs un jeu (ton et expression) beaucoup plus appuyé où certaines réflexions valaient d’être servies, à mon regard, par une appropriation et une position charismatique plus présente un brin sur jouée et entendue.
J’y imaginais là des instants mémorables comme il s’en fait parfois d’anthologie. La qualité remarquable du texte me le suggérait. De même sa singularité, sa densité et son rythme très soutenu que quelques moments de pause aéraient le permettaient amplement. Quoi qu’il en soit, emmené par ce train l’aspiration dans la pièce s’est faite.
Avec le recul le parti pris d’un jeu et du rire ignorant de l’emphase et bon enfant se défend parfaitement. Le sujet religieux est trop souvent source de querelles éhontée. La pièce ainsi développée, bien mal luné serait celui qui prendrait ombrage du discours, son développement fait appel au bon sens et en prend sa vertu. Je voudrais par là aussi saluer l’élégance de l’humour qui porte moins sur les chapelles et leurs croyances que sur le poids que celles-ci font peser alentour. S’il y a parfois moquerie elle n’est pas agressive mais juste sur du factuel, il fallait simplement le voir et le dire.
Merci les artistes, vous nous avez fait rire et même ravi par votre lecture de notre panthéon humain. C’est une friandise bien agréable qui de surcroît en sus du rire, j’en suis persuadé, a des propensions salutaires et équilibrantes. J’attend avec impatience vos bons soins sur les deux autres piliers de nos antiques sociétés : gens d’armes et de finances. La modernité pourrait allonger la liste par ceux de pouvoir, d’économie…, la planète vous en remerciera.
En résumé :
Fin, dynamique, varié, drôle, efficace et cathartique !
Ma dernière question : le paradis ou l’enfer ? Réponse : c’est la même chose !
Courrez voir cette pièce qui va se produire au Festival OFF d’Avignon. Vous passerez un excellent moment. Et suivez l’actualité de cette compagnie Faits d’art scénique qui nous concocte de telles merveilles.
Conclusion provisoire
Je vais être attentive aux autres propositions de Faits d’art scénique, surtout s’ils jouent une œuvre d’Arnaud Patron, écrite par Arnaud Patron.
Et vous, quelles sont vos croyances ? Comment imaginez-vous la vie après la mort ? Moi, si c’est une aussi joyeuse pagaille, je signe tout de suite.
Actualités
Ce spectacle sera présenté au Festival d’Avignon, au théâtre Sham’s, 25, rue Saint Jean Le Vieux, 84000 Avignon, tous les jours à 14 h 30.
Si vous avez la chance d’aller au festival d’Avignon, ne les ratez pas. Ce serait dommage, vous vous priveriez d’une jubilation intense. Pour voir la programmation du Festival OFF d’Avignon, c’est par ici.
Et si vous avez vu cette pièce de théâtre, qu’en avez-vous pensé ? J’ai hâte de lire vos avis.
Tu m’as donné envie, mais ils ne passeront certainement pas ici, dommage…
Bisous les zamis !
salut la belle. Sait-on jamais ? Je te le souhaite car ce fut une excellente soirée.