Cette semaine, j’ai eu le plaisir, la chance, le bonheur d’assister à la représentation de La Claque, un spectacle original de Fred Radix avec Alice Noureux, Guillaume Collignon et bien sûr Fred Radix, au théâtre de la Gaité Montparnasse à Paris. Vous avez envie de savoir ce que j’en ai pensé, si j’ai aimé, si j’ai été déçue et surtout si je vous le recommande sans limite ? Vous avez comme un indice dans la présentation non ?
Allons-y
Point de Culture rapide sur la claque
La Claque ! D’où vient ce nom ? Non pas d’un célèbre film avec Lino Ventura et Isabelle Adjani (la Gifle). Il vient d’une pratique encore usitée dans le monde du spectacle, voire avec abus dans les émissions télévisées enregistrées. Wikipédia : « La pratique de la claque trouve son origine dès l’Antiquité. Ainsi, lorsque Néron jouait, cinq mille de ses soldats saluaient sa performance par un éloge chanté.
Développée au XVIe siècle par le poète Jean Dorat qui achetait un certain nombre de billets pour la représentation de ses pièces qu’il donnait ensuite en échange d’une promesse d’applaudissements, la claque moderne se continua au XVIIe siècle dans les cabales contre les auteurs ou la concurrence féroce à laquelle se livraient les actrices. »
Bref, les claqueurs professionnels sont capables d’initier les applaudissements, les rires, les huées, les réactions du public sans pour autant se faire remarquer en tant que claqueurs. Il existe les commissaires (les érudits qui par le choix des mots soulignent les vertus du spectacle), les rieurs (heureux stimulants du bonheur de l’instant), les pleureurs (pour les moments d’émotions) et les chatouilleurs (qui au contraire vont mettre en souffrance la représentation).
L’histoire de la pièce
En 1895, dans un théâtre parisien, Auguste Levasseur, chef de claque se retrouve sans claqueurs à deux heures de la première grande représentation de l’Odyssée de Balbuzard, une tragédie grecque en cinq actes. Pour que cette pièce soit un succès, il faut l’adhésion du public et comment faire sans claqueurs ? Il se retrouve avec des claqueurs amateurs qu’il doit former très très vite. Sinon, la pièce sera un four et lui licencié. Mais il peut compter sur le régisseur du théâtre, Dugommier et sur une jeune accordéoniste Fauvette.
C’est ainsi que les spectateurs se retrouvent embarqués comme apprentis claqueurs sous la houlette des trois complices dans l’interprétation des extraits du spectacle à venir qui compte moult acteurs, changement de décors, danseurs et musiciens’.
L’auteur, Fred Radix
Comédien, metteur en scène, musicien et auteur Fred Radix exerce dans le domaine du théâtre depuis 1991. Il est l’auteur de succès tels A domicile, Une chanson derrière la tête, et Le Siffleur. Ses spectacles se produisent en tournée en France et à l’étranger. Dans ce nouveau spectacle, il aborde avec humour et en musique ce qui indique – ou provoque ? – le succès d’une œuvre artistique : les applaudissements.
Mon ressenti sur La Claque
Quelle claque en effet que ce spectacle. Tout y est original et bien interprété. Le thème bien sûr, l’histoire, les décors, les costumes et le jeu des comédiens touche à tout. En assistant à la Claque, nous avons droit à deux spectacles en un, voire trois.
-L’Odyssée de Balbuzard, tragédie grecque en cinq actes
– L’ultime répétition avant la grande Première
– L’interaction avec le public.
Et en effet, le public a participé avec entrain tant la bonne humeur des comédiens était communicative. J’ai ri, été surprise, émue, amusée et hilare. Si les mains ne chôment pas (sans obligation aucune), les zygomatiques non plus et les abdominaux également.
Alice Noureux, interprète de Fauvette est une artiste incroyable dont le visage à lui seul laisse transparaître une foule d’émotions (son expérience de clown sans doute). Elle joue juste, sa présence est indéniable et captive l’auditoire. Son personnage dégage une innocence, une gentillesse bienvenue. Elle s’impose, elle est. Sans un mot parfois, une mimique suffit à transmettre ses émotions. Ne croyez pas que son rôle soit celui de la gentille bécasse jolie fille. Non, Madame a du caractère et le fait savoir en dépit du siècle.
Une excellente actrice ET musicienne ET chanteuse et plus encore.
Guillaume Collignon, ou Dugommier le régisseur dans le spectacle habite son personnage sans un défaut, sans temps mort, sans faux pas. Je ne saurais pas imaginer un autre artiste à sa place. Ce comédien se définit comme saltimbanque autodidacte. Il est également comédien, musicien et chanteur. Il est parfait. Une évidence dans ce spectacle.
Fred Radix, l’auteur dont j’ai parlé un peu plus haut, interprète avec talent le chef de claque privé de ses claqueurs professionnels, Auguste Levasseur.
Tenir en haleine une salle tout entière sur un thème peu connu, entraîner l’adhésion du public, déclencher des applaudissements nourris et sincères, c’est fait. J’en suis ressortie ravie, enchantée et totalement silencieuse de peur de laisser s’échapper de mon esprit l’ambiance joueuse et unique de ce spectacle, vrai mélange réussi de théâtre classique et de théâtre de rue. Une excellente soirée.Le mot de mon cher et tendre
Par ces temps où l’âme humaine peine à identifier de justes repères, voici le bonheur simple de voir des artistes s’emparer et réanimer un petit bout de malice populaire. La subtile claque que son genre distingue du claque ex gibus est là présentée bien loin des désincarnés signaux lumineux, voire prompteurs orchestrant en studio les réactions de figurants automates, ou pire des ostensibles ajouts d’applaudissements ou rires préenregistrés et obsessionnellement semés aux moments convenus.
Ici le montage de la pièce inclut par son fait le public dans son propre développement. Chacun se retrouve en toute évidence doucement emmené dans l’apprentissage de la claque et de ses subtilités. Les interactions spectateurs-acteurs s’offrent naturellement à se distiller en fonction des caractères et des circonstances. Aucune agressivité, aucune pression.
Là où le Covid a entre autres conséquences vidé les salles au profit d’activités plus ou moins refermées familiales ou entre amis, cette pièce ranime au théâtre un contact humain élargi en toute convivialité. Pas d’excès d’un chevalier d’industrie, juste l’expérience quasi innocente du jeu de baron qui ouvre à retrouver par l’une de ses multiples racines la succulente richesse d’un chahut populaire.
Cette position de jeu n’escamote pas celle des acteurs, loin s’en faut. Il me reste entre autres le moment de grâce où la salle s’est vue captiver lors de la traversée du souterrain par Fauvette (Alice Noureux). Il s’y associe aussi pour moi des instants singuliers de Dugommier, où Guillaume Collignon pourtant beau gosse au naturel aux yeux de ces dames, appelait à mon esprit le souvenir de Sim en parrain avisé et complice de ces performances.
Merci pour cette soirée qui à l’explosion ces derniers temps des jeux société offre en retour à tous l’accès à un magnifique, pittoresque et vital jeu de société.
Conclusion provisoire sur la Claque
Je conseille cette pièce pour tout public, à partir de 8 ans. Venez en famille, venez entre amis, venez entre voisins mais venez. Vous soutiendrez le spectacle vivant, des artistes de talent et une représentation exceptionnelle. Et de plus, vous passerez une excellente soirée. Sachez que vous pouvez y assister ailleurs qu’à Paris car la tournée en France a commencé. Pour voir les lieux et dates : http://www.fredradix.com/
Pour réserver, rien de plus simple. Suivez le lien. Réservations :
Lien de la bande annonce
[…] légendes irlandaises racontées avec humour ajoutent une dimension supplémentaire au spectacle Irish Celtic, en transportant le public dans l’univers magique et mystique de […]