Avant-propos
Bernard, lecteur fidèle, m’a proposé ce texte sur le surf que je partage avec vous, celui d’une tranche de vie vécue à Arnaoutchot, camping naturiste 4 étoiles situé dans les Landes.
L’enfant au surf
Un enfant, 8-9 ans, en combinaison otarie bleu marine, marche. Il porte au-dessus de sa tête une planche de surf vert pomme. À l’arrière, trois ailerons noirs tranchent sur la surface claire, unie par un lien à la cheville de l’enfant. Un homme grand, une montre blanche à un poignet, un bracelet de l’autre, l’accompagne. Un chapeau de forme coloniale, au long bord tombant et tressé de larges fibres végétales finit d’habiller sa silhouette bronzée.
La plage, sur son bord doucement inclinée, semble se glisser sous l’océan. Lui, de son côté, empile en fines tranches courantes le grondement lointain des rouleaux d’une houle finissante. Eux, décidés et tranquilles, laissent la trace décolorée de leur pas sur le sable lisse et mouillé. Ils avancent. Le passage léger des franges successives d’écume, complices implicites de leur désir, ne les ralentit pas.
L’enfant a les fesses mouillées quand l’homme en est aux genoux. Là on essaie. La planche est à peine posée sur l’eau que son jeune porteur s’est allongé sur elle. Le père fait monter à l’équipage encore 2 à 3 couches. Briefing ou souvenir, le fils s’est cambré pour aider au passage de l’écume qui avait bien une à deux fois son épaisseur. Puis rapidement l’adulte fait faire volte-face au frêle esquif. L’enfant, à l’approche de la suivante, s’élance en forçant sur ses bras. Il glisse rapidement. La poussée tant attendue de la vague fait jaillir la planche au devant, laissant à l’eau et sans monture l’apprenti sportif.
Qu’importe, qui aurait parlé ici de déconvenue, on est ici pour le fun. Vif et gourmand du jeu, l’enfant a déjà misé son deuxième essai, qui finit évidemment à l’identique. Pour le troisième, le père est mouillé à la taille. Là, le dénivelé est plus ample mais l’accélération sera moins brutale. Même manœuvre. Et, à la nage des bras succède par magie la glisse sur le doux plan liquide. Enhardi par cette offre de la nature, l’enfant s’est relevé pour finir cette course accroupi et sans l’aide des mains jusqu’à l’échouage de sa planche. Faut-il préciser qu’au quatrième essai il est déjà debout ? On apprend vite à cet âge.
Au retour, notre jeune surfeur est mis en demeure de partager l’usage de sa planche avec son petit frère. La mère s’est collée à la négociation. Il ne peut que céder, de mauvais gré.
Le benjamin, d’un pas tout aussi décidé, suit son père et la planche de surf qu’il porte sous le bras. Il est petit. 3ans ? 4 ans ? A chaque passage de frange d’écume, il s’arc-boute en s’aidant de la protection de sa combinaison-brassière (sur-mesure sans doute). La limite vite atteinte, il monte, gaillard, sur la planche où il s’allonge. Le père de l’extrémité des doigts placés sur le dos de son fils guide l’embarcation, tel un jouet, pour un peu plus de fond. A chaque frange d’écume, le petit bonhomme, mime ou briefing, se redresse comme une otarie pour aider au passage.
À distance raisonnable et à l’approche d’une avancée d’écume, le père d’une main oriente son fils face à la plage. L’enfant aussitôt rame de l’extrémité de ses bras. Et la vague entraîne naturellement la planche à peine testée sur la pente douce de son dénivelé. L’enfance assuré par cette évidente magie s’est relevé le dos fléchi, prudent, étonné. Au deuxième essai il est debout comme encré sur ses deux jambes écartées. Cite idéal, perfection technique et architecturales des planches ? Toujours est-il qu’on apprend vraiment très vite à cet âge !
Conclusion provisoire
Si vous aussi vous souhaitez partager vos expériences, dans un domaine traité par ce blog, qu’il s’agit de vos lectures, de vos tests ou de vos humeurs, envoyez vos textes à mamiesolangeyt@gmail.com. Je vous répondrai très vite.
P.S. : les photos illustrant l’article proviennent de Pixabay, banque d’images gratuites. Il est peu correct de photographier des inconnus sur une plage naturiste.