Si Lyon est indissociable de Guignol, Charleville Mézières, elle, organise tous les deux ans, excusez du peu, le festival Mondial de la marionnette. Il lui est intégralement consacré !
Mon intérêt pour les marionnettes remonte à une de mes anciennes vies, quand mon travail consistait à m’occuper d’enfants gravement déficients sur le plan physique et mental. Je me suis vite rendu compte de l’attrait qu’exerçait sur eux les marionnettes. Bien sûr, je racontais des histoires légères mais certains appréciaient de pouvoir les manipuler et surtout de leur prêter leur voix et leurs émotions. Je me souviens d’un jeune garçon capable de parler uniquement en manipulant une marionnette.
Hors l’évident soutien qu’offre l’utilisation des marionnettes en thérapie, comment ne pas voir au regard de ces expériences le rôle majeur des émotions et de l’imaginaire dans l’équilibre psychique de l’humain ? Quelles failles de la communication sociale ordinaire le jeu proposé par ces marionnettes comblait-il ? N’est-il pas acquis dans nos sociétés le rôle équilibrant des mises en scène théâtrale depuis l’antiquité ? Qui oserait alors parler d’art mineur ?
Le festival Mondial de marionnettes de Charleville Mézières
Depuis 1961 (très belle année selon moi), ce festival existe et tous les deux ans, propose des spectacles que ce soit dans des salles officielles ou dans la rue. Et tout comme pour Avignon, le OFF est aussi important que le IN. Des dizaines de spectacles de tout style sont proposés chaque jour dans différents lieux de la ville. Il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Les seules difficultés sont de faire son choix, de s’y prendre pour certains très à l’avance et occasionnellement les jours d’affluence de ne pas se perdre.
Si le festival vous intéresse, je vous renvoie sur cet article où j’ai développé un peu plus ce que j’en ai pensé à travers les spectacles vus.
Pour les petits et pour les grands
Devenir marionnettiste est un art à part entière, l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette (ESNAM) est implantée dans la ville. Mais qui n’a jamais joué à faire parler un objet, une peluche ou même un gant de cuisine pour le plaisir et les rires des petits ?
A Charleville, dans le festival IN, j’ai découvert avec certains spectacles une version très intellectualisée des marionnettes. Et oserais-je dire que je n’ai pas aimé ? Je suis une femme simple : j’aime ou je n’aime pas. Et si j’ai besoin d’explications pour aimer une œuvre d’art, c’est que celle-ci a raté son but : me toucher, m’émouvoir ou faire passer un message. Nul besoin de matériel ou d’une machinerie digne de Lady Gaga.
Certains, comme Javier Aranda, raconte une vie, simplement, entre rires et larmes. Si vous avez l’occasion de le voir, ne le ratez pas. Laissez monter vos émotions sous les volutes des marionnettes attitudes et clins d’œil-mimiques. Le berceau de l’imaginaire viendra alors vous délasser, vous décrasser de vos conditionnements étriqués pour vous ouvrir à votre propre équilibre. C’est mon énorme coup de cœur du festival.
Créer sa marionnette
Sur le net, on trouve foule de tutoriels pour fabriquer ses propres marionnettes. Je l’ai moi-même fait lors d’une formation en arts thérapeutiques. Par chance, ce n’est pas la beauté de la marionnette qui en fait le charme ou le pouvoir mais la justesse de sa manipulation et de son discours.
Officiellement à la retraite, je n’ai plus à me traumatiser avec la fabrication de marionnettes. Car, comme je suis archinulle en ce qui concerne l’aspect manuel, j’ai profité de mon séjour à Charleville pour admirer les créations des différents artisans présents.
Et il est même possible pour certains de se faire fabriquer sa propre marionnette, création unique et personnalisée. J’ai très envie de me laisser tenter, je l’avoue. Je suis curieuse de voir quelle sera ma créature, celle qui me conviendra. Promis, si je craque, je vous la mettrai en photo sur Instagram.
Conclusion provisoire
Si je voulais faire un peu de psychologie de comptoir, ne devrais-je pas dire que nous sommes tous des marionnettes manipulées par d’autres et que nous-même tirons les fils d’autres marionnettes et tout ceci dans un ballet très approximatif ?
Imaginez le mode politique sous cet angle : qu’en pensez-vous ? N’est-ce pas incroyablement réaliste ?
Et vous, que pensez-vous des marionnettes ? Etes-vous fan ? Pensez-vous que c’est réservé aux jeunes enfants ? Donnez-moi votre opinion