Privilèges de banlieusards, nous sommes partis pour une soirée de détente sur Paris. Tout en étrennant accessoirement le tarif plafonné à 4 € du ticket de transport et sous couvert de la nouvelle clémence des températures hivernales à nous les beaux quartiers. Le théâtre du Rond-Point est à quelques pas des petits et grand Palais, du bord de Seine. On y propose ‘’vieux con’’ de et avec Christophe Alévêque, mise en scène par Philippe Sohier.
Le titre a été jugé à l’aulne de notre âge alléchant. Il permet à lui seul de s’interroger sur notre propre définition du ‘’vieux con’’.
Vieux con ou pas ?
Vaste sujet révélé à l’auteur interprète par la crise sanitaire où il s’est vécu en total déphasage avec l’attitude générale de ses concitoyens : « absence de débat, obéissance générale ».
D’où la question ‘’un vieux con’’ aujourd’hui, c’est quoi ? C’est qui ?
Il (le vieux con) : « aujourd’hui n’a rien à voir avec celui d’avant, qui était un con réactionnaire, conservateur… . Aujourd’hui, le con est un résistant. L’empire de la bien-pensance a fait basculer le résistant ordinaire, le libre penseur, dans le camp des vieux cons… . C’est toute la difficulté ! Il n’est plus dans le bon couloir… ».
Ainsi Christophe Alévêque à créé le club des « Vieux Cons Modernes », écrit un livre et monté ce spectacle.
Alors Vieux Con ou pas, Christophe Alévèque ?
Une fois ouvert à la pertinence de cette définition et apprivoisé au style poil à gratter d’Alévêque ou au moins l’assumant le jeu est possible, quasi fait. Ici le comique procède de la satire. Le délabrement social, présupposé de fait par l’acceptation de la définition fait le reste. Tout repose sur la position du locuteur.
C’est un parfait consommable pour la faune parisienne surprise de se voir en si grand nombre pour la Première de ce spectacle ! Comme si en mal de loges de théâtre qu’il n’y a pas ici. À chacun son exotisme !
Étant de toute façon « toujours le con de quelqu’un » peu importe l’accord ou non que l’on vit aux scénettes ou réflexions proposées, il ne s’agit pas d’élections en cette triste période. Mais bien pour certains, de culture, pour d’autres d’oxygénation cérébrale ou encore pour les suivants, de simples exercices d’assouplissement ou de survie mentale. Le discours est d’autant plus juste et nécessaire pour l’équilibre que l’épaisseur du glacis normatif social est épais et son uniformité ennuyeuse et réductrice.
« Il en a marre et il le dit. Il s’en prend au règne des Bisounours en place, au bières sans alcool, aux journées sans tabac et autres charcuterie maigres…, à la dictature molle des pensées tièdes, aux inquisiteurs du nouvel ordre moral, et raconte le monde à son fils de quatre ans ».
Proposition du spectacle
Il est proposé là du poil à gratter en cure du lissage et du convenu social. À défaut d’adhérer au club des « Vieux Cons Modernes » on peut se proposer, au moins l’instant du spectacle de prendre la mesure des liens et divergences que nous entretenons nous-même et nos proches avec notre environnement social et éventuellement d’en rire. Pris dans le sens de la pièce tenter de s’en détacher peut laisser apparaître en soi le possible risque d’être un ‘’Vrai Con’’, pour les conformistes de sang qu’ils se rassurent l’idée ne viendra pas.
« Humoriste engagé, dégagé, à la marge, clown dérisoire ou missionnaire » Christophe Alévêque prend des risques, la position n’est pas facile. Elle a ses exigences ! Il va jusqu’à payer de sa personne.
Notre ressenti de vieux cons
L’une des rhétoriques dominantes s’est habillée du ’’c’était mieux avant’’. N’est-ce pas là avant tout regretter sa jeunesse évanouie, ses exploits plus ou moins honteux, ses muscles saillants et son apparente immortalité ?
Ceci pousse à la faute et éventuellement à une position de ‘’Vrai Vieux Con’’ en brocardant certains comportements de la jeunesse dont les références ignorent celles passées, même si on peut s’illusionner qu’elles en sont les produits.
Cherche-t-il le comble quand il s’interroge sur le devenir de son fils quand ce dernier « met les pieds » dans ce monde alors qu’il lui y a lui-même mis qui plus est sciemment ? il le crit. Bref avoir un enfant à plus de 50 ans au vu de l’état du monde est-ce faire preuve d’inconscience, d’optimisme ou de connerie ?
C’est le risque inhérent à l’inévitable assujettissement à notre propre subjectivité quand on s’autorise à discourir sur ou pour les autres. Tout le monde n’ai pas sujet à la coupable inconscience du politique.
Conclusion provisoire
Si je m’autorise une critique il semble y avoir l’oubli de la trajectoire générale non de la société bien sûr mais de là où elle vit : la planète. Et que l’anthropocène épinglé ponctuellement ici de l’intérieur aurait pu être vu sous le presque synonyme scatocène si on se la joue international ou le crétinocène plus humblement régional. Ceci n’aurait de toute façons pas interdit l’Apéro tant de fois proposé.
Et puisque nous sommes dans la satire, soyons fou !
Pourquoi ne pas aller jusqu’au Darwin Awards où l’humain ramené au rang d’espèce parmi les autres saura faire rire les blattes dont les chances de survie nous sont a priori bien supérieures ?
Quoiqu’il en soit revenons à une longueur de vue plus conforme à ce qui sied pour un humour de théâtre actuel. Nous sommes venu ici pour rire nous aussi. Ne boudons pas le plaisir d’un discours non conforme où le risque dans le champ de chacun n’est qu’une remise en cause s’il porte à rire. Distraction pour le moins salutaire à une époque marquée par la recherche et le repliement identitaire en écho des errances présentes.
Sans ambages Christophe Alévêque pousse même parfois par jeux de positions à déranger des repères bien assis par habitudes sous des propositions simplement logiques. Ça a l’avantage si ce n’est d’éviter la connerie de lutter contre la décérébration auto-organisée d’espèce.
En cela il agit l’humanité et nous lui en sommes gré, d’autant que le théâtre du Rond-Point efficace et discret s’y prête à merveille.
Si vous avez assisté au spectacle, qu’en avez-vous pensé ? Si et si non, qu’attendez-vous pour y aller ?
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